Molnia | 4 février 1961

Le 3ème lanceur Molnia (8K78 n°Л1-7), équipé d'un étage supérieur Bloc L, a décollé du pas de tir n°5 (17P32-5) de la zone n°1 du cosmodrome de Baïkonour le 4 février 1961 à 01h18'04,4" GMT.

Les trois premiers étages ont parfaitement fonctionné et ont placé le Bloc L et la charge utile sur une orbite 223,5km x 327,6km x 64,95°. La charge utile était constituée de la première sonde vénusienne 1VA.

Ce lancement constitue en effet la première tentative de l'humanité d'explorer la planète Vénus. Malheureusement, le moteur du Bloc L ne parvient pas à s'allumer, et la sonde ne peut pas quitter l'orbite terrestre.

Les Soviétiques annoncent alors au monde qu'ils ont placé un "satellite lourd" destiné à préparer le développement de gros engins. Pour suivre la sonde dans sa course, plusieurs navires ont été déployés : le Dolinsk et le Krasnodar dans le Golfe de Guinée, le Vorochilov au large d'Alexandrie et le Sibir et le Soutchane dans l'océan Pacifique.

La cause de l'échec est rapidement identifiée. Le transformateur PT-200, qui alimente en courant le système de contrôle du Bloc L, a cessé de fonctionner vers la fin du fonctionnement du Bloc I.

La campagne de lancement

Lors de la préparation de la sonde, un incident a failli tourner à la catastrophe. L'événement se passe le soir du 31 janvier 1961, alors que, dans le MIK, les techniciens se préparent au transfert du lanceur vers le pas de tir. Peu avant 20h00 (heure locale) commence la phase où la sonde 1VA, arrimée à un châssis, est mise à l'horizontale puis saisie par une grue pour être rattachée au Bloc L.

Soudainement, le système qui transporte la sonde se met à faire un énorme bruit : ce sont ses soupapes qui claquent en s'ouvrant et se fermant à grande vitesse. Dans son mouvement, l'appareil heurte à plusieurs reprises la réserve d'azote comprimée. La situation est alors extrêmement risquée, puisque les réservoirs de la sonde sont remplis d'acide nitrique et de kérosène. Tous les techniciens présents dans le MIK se ruent vers la sortie; ils ont encore en mémoire la catastrophe du 24 octobre 1960 qui fit de très nombreux morts dans des conditions plus ou moins similaires.

Puis, soudainement, le moteur principal de la sonde se met en service. Arkadi OSTACHIOV, le chef du personnel présent ce soir là, est le premier à comprendre ce qui se passe. Il ordonne immédiatement de désarrimer le châssis et de désactiver la sonde. Tout revient dans l'ordre, et aucun blessé n'est à déplorer.

Une brève enquête détermine que l'élasticité du châssis supportant la sonde avait été mal calculée, et que celui-ci s'est beaucoup plus déformé que prévu. En conséquence, la sonde a subi des étirements qui ont fini par activer les contacts électriques qui doivent normalement n'être utilisés que quand la sonde est en orbite terrestre et qu'elle doit s'échapper vers Vénus. C'est ainsi que le moteur a été mis en marche.

Bibliographie

Raketii i Lioudi, tome 2, Boris TCHERTOK


Dernière mise à jour : 7 février 2007