Soyouz-2.1a | 19 octobre 2006

Le 1er lanceur Soyouz-2.1a (14A14-1A n°Ж15000-003) visant à gagner l'orbite, surmonté d'un étage supérieur Fregat (14S44 n°1011), a décollé du pas de tir n°6 (17P32-6) de la zone n°31 du cosmodrome de Baïkonour le 19 octobre 2006 à 16h28'13,169" GMT.

La charge utile était constituée du satellite européen MetOp-A, qui a été placé avec succès sur une orbite polaire à 17h36 GMT.

La « première » campagne de lancement

Le deuxième lanceur Soyouz-2.1a est livré à Baïkonour par le TsSKB-Progress à la fin du mois de décembre 2005, pour un lancement prévu au deuxième trimestre 2006. A la fin du mois de janvier 2006, les étages du lanceur sont assemblés et une coiffe vide est apposée sur le tout, qui est conduit jusqu'au pas de tir n°6 afin d'effectuer un certain nombre d'essais. Dans le même temps, la NPO Lavotchkine de Khimki, près de Moscou, réalise des essais de la pièce de jonction entre le troisième et le quatrième étages (Fregat).

Le 18 avril 2006, Un avion An-124 Rousslan  atterrit à Baïkonour avec dans sa soute le satellite MetOp-A, qui est conduit jusqu'au MIK-112. Le lancement est programmé pour le 17 juillet. Le 8 juin, un nouveau Rousslan livre à Baïkonour l'étage Fregat, qui est transporté au MIK-40. Le 27 juin, les réservoirs du satellite sont remplis. Le 30 juin, MetOp-A est arrimé à la pièce de jonction.

Le 5 juillet, le tout est arrimé au Fregat. Le 7 juillet, l'ensemble Fregat - adaptateur - MetOp est placé à l'horizontale; cette opération est dangereuse car le satellite est d'ores et déjà plein de propergols. Le lendemain, 8 juillet, la coiffe est apposée à l'ensemble, pour former le composite supérieur (KGTch).

Le soir du 10 juillet, le KGTch quitte le MIK-112 et arrive le lendemain matin dans le MIK-40. Là, il est arrimé au troisième étage, puis le tout est assemblé avec les deux premiers étages. Le lanceur est maintenant complet. Le 14 juillet, il est emmené jusqu'au pas de tir n°6. Le 15 juillet, les équipes d'ingénieurs effectuent une répétition générale du lancement.

La première tentative

Le 17 juillet 2006, tout est prêt pour le décollage. Mais la chronologie est stoppée à H0-01h36, en raison d'un incident survenu lors de la séquence de vérification de la calibration de la centrale inertielle. Les ingénieurs russes passent toute la nuit à examiner ce qui n'a pas fonctionné. Il apparaît que les matériels ne sont pas en cause : le problème tient juste à la séquence de tests (dans ses algorithmes, un paramètre erroné fausse la définition des axes de référence).

La deuxième tentative

Une deuxième tentative est réalisée le 18 juillet, mais la chronologie est à nouveau stoppée à H0-03h10. Les raisons du problème ne sont pas immédiatement comprises. Il apparaît seulement qu'un problème est intervenu avec un Convertisseur Analogique-Numérique (CAN).

La troisième tentative

Le lendemain, 19 juillet, une troisième tentative est réalisée. A H0-6h, la commission d'enquête sur l'incident de la veille rend ses conclusions, et le compte à rebours peut ainsi se poursuivre. Le report de la veille a été causé par le fait que certains réservoirs n'étaient pas complètement remplis, ce qui a été considéré comme un paramètre non valide par les systèmes de contrôle automatiques. Mais ce troisième essai ne connaîtra pas plus de succès : le lancement est annulé à H0-2'19".

Cette fois-ci, une nouvelle tentative n'est pas possible. En effet, Soyouz doit être lancé dans les 53h qui suivent le remplissage de ses réservoirs, du fait de la limite de validité des joints des moteurs des deux premiers étages.

La « seconde » campagne de lancement

Les 20 et 21 juillet, le lanceur est ramené au MIK-40. Dans la nuit du 21 au 22 juillet, le KGTch est ramené au MIK-112. Le lanceur Soyouz-2.1a, quant à lui, est réexpédié au TsSKB-Progress de Samara.

Une nouvelle tentative de lancement est programmée pour le 7 octobre. Malheureusement, le 30 septembre, alors que le KGTch est arrimé au wagon qui doit l'emmener au MIK-40 pour être réintégré au lanceur, un incident provoque un choc assez important. Le KGTch est ramené dans la salle blanche. Après vérification que rien n'a été cassé, le lancement est fixé au 17 octobre.

Le 10 octobre, le KGTch est à nouveau conduit jusqu'au MIK-40, cette fois sans incident. Le 11 octobre, il est arrimé au troisième étage, et le 12 octobre le tout est assemblé avec les deux premiers étages. Le 13 octobre, la protection thermique est apposée sur la coiffe et le lendemain le lanceur est transporté et érigé sur le pas de tir n°6.

La quatrième tentative

La quatrième tentative de lancement du 17 octobre est à nouveau un échec, à cause cette fois-ci de vents extrêmement violents en haute altitude.

La cinquième tentative

La cinquième tentative du 18 octobre échoue à son tour. La faute incombe une fois encore au système de contrôle automatique, qui a détecté par erreur une pression trop élevée dans les réservoirs d'oxygène du troisième étage. Le compte à rebours a été interrompu à H0-01'10".

Finalement, c'est la sixième tentative, le 19 octobre, qui sera la bonne.

MetOp-A

Appelé MetOp-A, ou aussi MetOp-2 (il s'agit en fait du deuxième exemplaire, mais qui est lancé en premier), est un satellite de météorologie européen de nouvelle génération. Il a été construit par Astrium pour le compte de l'ESA et de Eumetsat.

Avec une masse au lancement de 4085kg, une longueur de 5m et un diamètre de 6,6m, il s'agit du premier satellite polaire européen. Le contrat de lancement avait été signé à Paris le 18 décembre 2000 entre Starsem et Eumetsat.

Bibliographie

Le site de Roscosmos
Le site de l'ESA
L'excellent blog de Stéphane CARLIER
L'excellent blog de l'équipe MetOp-A


Dernière mise à jour : 19 août 2010