Soyouz | 27 octobre 1967Le 4ème lanceur Soyouz (11A511 n°У15000-05) a décollé du pas de tir n°6 (17P32-6) de la zone n°31 du cosmodrome de Baïkonour le 27 octobre 1967 à 09h29'59,98" GMT. La charge utile était constituée du vaisseau spatial inhabité Cosmos 186, qui a été placé avec succès sur une orbite basse (209km x 235km x 51,7°). Cosmos 186Il s'agit d'un vaisseau spatial Soyouz (11F615 n°6) lancé inhabité pour qualifier ses systèmes suite à l'accident de Soyouz-1 quelques mois plus tôt. L'objectif principal de la mission sera de réaliser un rendez-vous avec un second vaisseau, baptisé Cosmos 188, qui aura le rôle passif. La campagne de lancementAvant la mission Soyouz-1, le vaisseau n°6 devait être utilisé pour un second vol habité double. La mort du cosmonaute Vladimir KOMAROV a conduit le TsKBEM a modifier ces plans et à ajouter plusieurs vols inhabités au planning. Le 26 mai 1967, Vassili MICHINE note que le capteur solaire et stellaire 45K, qui avait dysfonctionné sur Soyouz-1, devra être modifié et qu'un écran de protection devra être ajouté [4]. Le lancement de Cosmos 186 était prévu initialement pour le 25 octobre 1967, mais a été reporté de deux jours suite à un incident survenu lors du remplissage des réservoirs d'ergols. Une commande erronée a conduit à l'éclatement d'une membrane, qui a dû être remplacée [1][3]. Le 24 octobre 1967, la Commission d'Etat fixe le lancement au 27 octobre 1967 à 09h30 GMT. L'objectif de la mission est de qualifier l'ensemble des systèmes et de réaliser un rendez-vous avec le second vaisseau, qui décollera deux jours plus tard. L'amarrage n'est pas envisagé sur ce vol [3]. Le vol de Cosmos 186La phase de vol autonomeAprès sa mise sur orbite, Cosmos 186 déploie ses panneaux solaires sans incident et stabilise son orientation [1][3]. L'une des antennes du système de rendez-vous Igla ne fonctionne pas correctement, mais le problème est réglé dès la deuxième orbite [3]. Lors de l'orbite n°4, un essai des moteurs SKD et DPO est réalisé avec succès. Une correction d'orbite était prévue lors de l'orbite n°17, mais elle ne peut pas être réalisée suite à la défaillance du viseur stellaire et solaire 45K [1]. Le système de télécommunications DRS présente également des anomalies. Une autre tentative de correction d'orbite devait avoir lieu lors de l'orbite n°31, mais elle ne peut être réalisée car la station-relais n'a pas reçu les données à temps. C'est ensuite au tour du capter ionique de dysfonctionner après avoir traversé une poche d'ions. Finalement, le 29 mai 1967, les équipes de contrôle du vaisseau parviennent à le placer sur l'orbite adéquate pour le rendez-vous [1]. Le rendez-vous et amarrage avec Cosmos 188Le second vaisseau Soyouz, baptisé Cosmos 188, décolle avec succès de Baïkonour le 30 octobre 1967 à 08h12'41" GMT. A son arrivée sur orbite, il n'est qu'à une distance de 24km de Cosmos 186, qui réalise sa 49ème orbite, et la séquence de rendez-vous démarre. Les deux vaisseaux quittent ensuite la zone de visibilité radio [1][3]. De façon automatique, l'orientation mutuelle des deux vaisseaux est réalisée et dure 127 secondes. Du fait de la mécanique orbitale, ils s'éloignent l'un de l'autre à une vitesse de 90km/h. Pour rattraper Cosmos 188, Cosmos 186 met en service son moteur SKD à vingt-huit reprises et réalise trente manœuvres d'orientation. Quand la distance n'est plus que de 350m, le système de rendez-vous Igla passe en mode d'approche finale, et met en service les moteurs DPO dix-sept fois [1]. La consommation d'ergols est beaucoup plus importante que prévu mais, après 54 minutes de manœuvres de rendez-vous, l'amarrage est réalisé à 09h20 GMT [1]. Personne au sein de la Commission d'Etat ne pensait sérieusement que l'amarrage serait possible, et il n'était pas considéré comme un objectif de la mission. Jusqu'à une heure avant qu'il ne soit réalisé, l'un des membres de la Commission disait même à Armion MNATSAKANIAN, le directeur du NII TP qui fournit le système Igla, qu'il était préférable de ne pas tenter d'amarrer les deux vaisseaux car ce n'était pas prévu [6]. Mais la jonction est pourtant bien réalisée, et le système Igla est automatiquement mis hors service au moment du contact physique entre les systèmes d'amarrage des deux vaisseaux. La tige de Cosmos 186 commence ensuite à se rétracter, mais elle ne termine pas sa course. Il reste 85mm entre les deux vaisseaux, et les connexions électriques ne sont donc pas faites. La commande de séparation est envoyée après deux orbites, à 12h50 GMT [1]. Le retour sur TerreLe capteur 45K de Cosmos 186 ne fonctionne toujours pas correctement, et il n'est donc pas possible de procéder à la rentrée dans l'atmosphère selon le mode nominal. C'est donc une rentrée balistique que réalise le vaisseau à l'issue de sa 65ème orbite le 31 octobre 1967. Son moteur SKD est mis en service à 07h38'15" GMT, et le parachute s'ouvre à 08h04'34" GMT. L'atterrissage est réalisé sans incident à 08h12 GMT [3]. Le vol de Cosmos 186 a duré 3 jours 22 heures 42 minutes. Les causes de l'anomalie d'amarrageLes équipes de l'OKB-1 analysent la cause de la rétractation incomplète de la tige d'amarrage de Cosmos 186, et concluent qu'elle est la conséquence d'un incident survenu lors de la préparation du vaisseau à Baïkonour. Alors que le vaisseau était sur son banc de préparation 11N6110, un technicien a envoyé par erreur la commande de rétractation de la tige, qui était en position déployée. Mais elle était recouverte d'une bâche de protection contre la poussière, et cette bâche a été ingérée par le mécanisme. Plusieurs essais de déploiements/rétractations ont été faits pour vérifier qu'il n'y avait pas de problème, mais aucune mesure précise n'a été prise [2]. L'ingénieur Ivan KAZMINE, qui supervisait les opérations, était inquiet, mais ses collègues l'ont rassuré en lui expliquant que, de toute façon, il était très peu probable que la mission atteigne le stade de l'amarrage et qu'il était donc inutile de pousser les investigations plus loin [2]! Toutefois, selon une autre source, le problème était dû à un phénomène de dilatation lié à la température [4]. Bibliographie[1] TCHERTOK, B., Ракеты и люди, Vol. 3, Moscou, 2013, pp. 577-590
Dernière mise à jour : 16 juillet 2022 |
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