Soyouz-U | 14 mai 1996

Le 657ème lanceur Soyouz-U (11A511U n°78051368) a décollé du pas de tir n°6 (17P32-6) de la zone n°31 du cosmodrome de Baïkonour le 14 mai 1996 à 08h55'00" GMT.

La charge utile était constituée d'un satellite militaire Yantar-1KFT (11F660 n°77017498). A partir de H0+27", on observe des froissements sur la coiffe du lanceur, et à H0+49" celle-ci se détache complètement.

Le satellite n'étant plus protégé, sa protection thermique et ses panneaux solaires sont arrachés en plein vol. Le lanceur, très perturbé, commence à dévier de sa trajectoire nominale. A l'instant H0+118", les quatre blocs latéraux 11S59 se séparent comme le programme de vol leur demande.

Six secondes plus tard, à H0+124", l'ordinateur de bord commande l'arrêt du moteur RD-108 du deuxième étage (Bloc A). Le lanceur continue sur sa lancée et sa destruction est commandée automatiquement quand elle s'éloigne à 60 ou 80km de sa trajectoire nominale. Les fragments retombent à 120km au sud-ouest de la ville d'Arkalyk.

De nombreux fragments de la coiffe sont quant à eux retombés à proximité immédiate du pas de tir n°6, et quelques heures seulement après l'explosion des soldats commencent à ramener des morceaux à la commission d'enquête, qui est mise sur pied dans la foulée.

On notera que le satellite Kometa n'était pas équipé d'un système d'autodestruction, ce afin d'éviter qu'un incident survenu lors d'un précédent vol ne réapparaisse.

L'enquête

Dans un premier temps, la commission conclut que l'échec est dû à une erreur ponctuelle. L'hypothèse d'une collision avec un oiseau est même avancée. Un nouveau lanceur Soyouz-U décolle donc de Plesetsk le 20 juin 1996, et il explose exactement dans les mêmes conditions.

Une investigation plus approfondie met en lumière deux causes majeures à l'origine des deux échecs.

D'une part, le sous-traitant qui développe la coiffe, l'AO Stekloplastik de Syzran, près de Samara, avait utilisé un nouveau procédé pour coller les différentes couches qui constituent la structure de la coiffe, et n'en avait pas informé le maître d'œuvre, c'est à dire le TsSKB-Progress. Pour information, la coiffe est faite de plusieurs couches d'une structure de verre en nid d'abeilles.

D'autre part, le TsSKB-Progress a été accusé de ne pas avoir conçu assez solidement les 28 verrous qui retiennent entre elles les deux parties de la coiffe. Lors du développement de ces verrous, les ingénieurs n'ont pas suffisamment pris en compte le transitoire d'accélération, qui conduit à une pression maximale à la quarante-neuvième seconde de vol.

Cette difficulté a pourtant été identifiée depuis longtemps. On notera par exemple que les coiffes des vaisseaux spatiaux Soyouz et Progress sont équipées de 40 verrous au lieu de 28, pour plus de sécurité.

Les conséquences

Ce satellite Kometa devait pour la première fois servir à la société Sovinformspoutnik, qui voulait commercialiser ses images aux Etats-Unis dans le cadre du projet SPIN-2. Le satellite était donc assuré à hauteur de 2,7M$ chez la société Megarus. Le projet SPIN-2 sera finalement mené à bien suite au lancement d'un nouveau satellite Kometa, le 17 février 1998.

Bibliographie

Novosti Kosmonavtiki n°125
Novosti Kosmonavtiki n°129
HARVEY, Brian, Russia in Space, the Failed Frontier, Springer&Praxis, 2001


Dernière mise à jour : 9 janvier 2011