Soyouz-U | 25 novembre 1975

Le 23ème lanceur Soyouz-U (11A511U n°Ф15000-22) a décollé du pas de tir n°3 (17P32-3) de la zone n°43 du cosmodrome de Plesetsk le 25 novembre 1975 à 17h00 GMT.

La charge utile était constituée du satellite Cosmos 782, qui a été placé avec succès sur une orbite basse (227km x 405km x 62,8°).

Cosmos 782

Il s'agit du troisième satellite Bion (12KS n°Ф15000-123). Il emporte des expériences visant à étudier les effets de l'environnement spatial sur les organismes vivants. Plusieurs pays participent à la charge utile scientifique de cette mission (URSS, France, Tchécoslovaquie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Etats-Unis).

La participation française consiste notamment en l'expérience Biobloc SF1, du Groupe Biologie et Médecine Spatiales du CNES. Biobloc SF1 comprend des échantillons biologiques (œufs Artemia Salina, graines de salade et graines de tabac) couplés à des détecteurs de rayons cosmiques. Les œufs sont plongés dans un alcool, les graines de tabac sont disposées dans des boîtes en plastique percées et les graines de salade dans des boîtes contenant du nitrate de cellulose. Les œufs et les graines de tabac sont placés dans le compartiment français, et les graines de salade dans le compartiment soviétique.

Les échantillons ont été placés en culture après avoir été exposés aux rayons cosmiques. Après avoir germé, une étude de leurs chromosomes a été menée dans leurs cellules en mitose (division cellulaire). Les résultats ne montrent pas de grandes différences entre les cellules ayant été touchées par les rayons cosmiques et les autres. Les chercheurs pensent que cela est dû au fait que les embryons des graines n'ont pas été eux-mêmes touchés.

La France a aussi embarqué plusieurs rats à bord de la capsule, et l'étude de leur cerveau après le vol a permis des études histologiques de l'effet des ions lourds des rayons cosmiques sur le tissu cervical.

Il s'agissait des premières expériences dans le domaine de la biologie spatiale réalisées in situ par la France.

Les Etats-Unis ont eux fait voler plusieurs expériences sur Cosmos 782 :

- Un dosimètre, pour mesurer les radiations,
- Une centrifuge qui a recréé une gravité de 1G, où ont été placées différentes souches biologiques. D'autres souches similaires ont été embarquées. De cette façon, les Américains ont pu étudier les effets des rayonnements tout en étant sûr de les différencier de ceux de la microgravité.
- Des cellules de carottes, pour étudier leur développement en microgravité.
- Des œufs de poissons, pour étudier les effets néfastes de la microgravité sur leur croissance et leur développement. Cette expérience s'inscrit dans la continuité des investigations sur ce sujet menées lors de la mission commune Apollo-Soyouz quatre mois plus tôt.
- Des rats ont été embarqués pour étudier l'effet de la microgravité sur leur organisme.
- Un dosimètre LET (high-Linear Energy Transfer) pour mesurer les radiations.

La mission

Le vol de Cosmos 782 a été écourté car les Soviétiques craignaient qu'une tempête de neige n'envahisse la zone d'atterrissage le jour où le retour était programmé.

Le Compartiment de Descente (SA) a donc atterri le 15 décembre 1975 à 05h58 GMT dans le nord du Kazakhstan (52°17' N; 64°11' E) au bout de seulement 19,5 jours de vol. Les équipes de récupération ont tout de même fait état de conditions météorologiques très difficiles et ont été contraintes de monter des abris sur le site d'atterrissage.

Bibliographie

[1] Coopération franco-soviétique dans le domaine spatial, dossier de presse CNES Aragatz, 1988
[2] ESA's Microgravity Data Base
[3] GRIGORIEV, A., Космическая медицина и биология, p. 195


Dernière mise à jour : 15 février 2021