Rassviett | Histoire

1. Origine du projet

Le 20 novembre 1998, la Russie a procédé à la mise sur orbite du module Zaria qui, bien que construit en Russie, est la propriété des Etats-Unis. Pour compenser ce lancement, la NASA s'est engagée à lancer à bord de sa navette spatiale le module russe NEM lors du vol 9A.1, planifié pour 2009 [1].

Mais en janvier 2004, la politique spatiale américaine subit un changement de cap fondamental quand le Président George W. BUSH annonce le retrait définitif des navettes spatiales dans un délai de six ans, soit en 2010.

Fig. 1.1 : Le Président BUSH lors de son discours du 14 janvier 2004.
Crédit : Maison Blanche.

Le planning d'assemblage de la Station Spatiale Internationale (MKS) s'en retrouve fortement modifié, et en janvier 2005 la NASA annonce qu'elle ne sera pas en mesure de lancer le module russe NEM [2].

En septembre 2005, Roscosmos entre en négociation avec la NASA afin de définir des compensations. La partie américaine propose de fournir une partie de sa puissance électrique au Segment Russe, ce qui résout en partie le problème [3].

Mais la navette américaine ne devait pas seulement transporter le NEM : elle devait également livrer sur la station des équipements pour le futur module russe MLM. La NASA propose que ce matériel soit livré par une navette au moyen d'une palette de transport de type ELC.

Fig. 1.2 : Le Segment Russe avant la réforme de 2004.
Crédit : Novosti Kosmonavtiki.

Toutefois, un problème subsiste. La NASA envisage d'installer son module Tranquility sur le port nadir du module Unity. Quand ce sera fait, les vaisseaux Soyouz et Progress ne pourront plus venir s'amarrer au module Zaria, car cela les amènerait à frôler Tranquility de trop près. L'ajout de Tranquility privera donc la station de l'un des quatre ports d'amarrage nécessaires pour un fonctionnement avec six cosmonautes.

Roscosmos élabore donc une nouvelle proposition : construire un petit module qui viendra s'amarrer à Zaria, permettant ainsi aux vaisseaux de venir s'amarrer sans menacer Tranquility. Ce module emportera les matériels du module MLM que la NASA doit toujours lancer, il pourra donc être mis sur orbite par la navette américaine.

Pour la NASA, cette solution n'a que des avantages. De toute façon, elle devait un lancement de navette aux Russes, et cela résout le problème de compatibilité avec son module Tranquility. Les Américains acceptent donc cette proposition quasi immédiatement.

2. La construction du nouveau module

Seulement voilà, cette décision est prise fin 2005, et les navettes seront retirées du service en 2010. Cela ne laisse donc que quatre ans aux Russes pour concevoir, construire et tester le nouveau module.

Baptisé Module d'Amarrage et de Fret, ou SGM (Стыковочно-Грузовой Модуль), il est confié à la RKK Energuia, qui commence son développement dès le début 2006.

Fig. 2.1 : Le Segment Russe après la réforme de 2005.
Crédit : Novosti Kosmonavtiki.

Pour pouvoir terminer le projet dans les temps, Energuia choisit de se baser sur du matériel existant. Le SGM réutilisera le Compartiment des Instruments Pressurisé (PGO) de feu le module NEM.

Deux PGO avaient été construits en 1998-1999 : un pour les essais statiques, et un pour les essais dynamiques. Le premier servira pour la totalité des essais du SGM, et le second sera le véritable SGM, celui qui volera [4].

Fig. 2.2 : Le PGO du module NEM.
Crédit : RKK Energuia.

En 2007 ou 2008, le SGM est rebaptisé Petit Module de Recherche n°1, ou MIM-1. Il emportera en externe quatre éléments :

   - le sas du module MLM (ChK),
   - le radiateur du module MLM,
   - un élément de rechange pour le bras manipulateur européen ERA,
   - une plate-forme de travail.

3. La préparation au lancement

Le module est transféré à l'aérodrome de Ramenskoïe, près de Moscou, le 14 décembre 2009. Il est chargé à bord d'un avion de transport An-124, qui atterrit au Centre Spatial Kennedy en Floride le 17 décembre.

Fig. 3.1 : Le module MIM-1 à son arrivée en Floride, 17 décembre 2009.
Crédit : NASA.

Pour sa préparation, assurée par une centaine de techniciens russes, le module est installé dans le bâtiment SPPF de la société Astrotech. En janvier 2010, l'élément de rechange pour le bras européen ERA est arrimé sur la coque.

Fig. 3.1b : L'élément de rechange pour le bras ERA est arrimé sur Rassviett, 19 janvier 2010.
Crédit : DR.

Fig. 3.2 : Préparation de Rassviett, 4 et 5 février 2010.
Crédit : ESA / CORVAJA.

Quelques semaines plus tard, c'est au tour du sas ChK d'être fixé au-dessus du module Rassviett.

Fig. 3.3 : Préparation de Rassviett dans le SPPF, 11 mars 2010.
Crédit : NASA.

Fig. 3.4 : Chargement de matériel à bord de Rassviett, 18 mars 2010.
Crédit : NASA.

Fig. 3.5 : Préparation de Rassviett dans le SPPF, 22 mars 2010.
Crédit : NASA.

Fig. 3.6 : Préparation de Rassviett dans le SPPF, 25 mars 2010.
Crédit : NASA.

Fig. 3.7 : Rassviett est placé dans le container en vue
de son transport du SPPF vers le SSPF, 1er avril 2010.
Crédit : NASA.

Le 5 avril 2010, Rassviett est transporté vers le pas de tir, où il attendra la navette Atlantis, qui arrive le 21 avril.

Fig. 3.8 : Rassviett est pesé, puis il est placé dans le container
en vue de son transport vers le pas de tir, 5 avril 2010.
Crédit : NASA.

Rassviett est arrimé dans la soute d'Atlantis le 11 mai 2010.

Fig. 3.9 : Rassviett est installé dans le soute d'Atlantis, 11 mai 2010.
Crédit : NASA.

Le lancement de la navette Atlantis STS-132 a lieu le 14 mai 2010, et Rassviett est amarré au module Zaria le 18 mai 2010.

Au premier trimestre 2012, soit près de deux ans après l'entrée en service opérationnel de Rassviett, un simulateur a été installé dans le bâtiment KTOK du Centre d'Entrainement des Cosmonautes (TsPK).

Fig. 3.10 : Le simulateur Rassviett dans le KTOK, 23 avril 2012.
Crédit : NASA.

Fig. 3.11 : Andrei BORISSIENKO dans le simulateur Rassviett, en août 2016.
Crédit : TsPK.

Bibliographie

[1] ZAK, A., Mini-Research Module (MIM1), disponible sur le site RussianSpaceWeb
[2] CHAMSOUTDINOV, S., Шаттл : осталось не более 19 полетов, NK n°11-2005
[3] ZHOURAVINE, Y., Новости МКС, NK n°1-2006
[4] ZHOURAVINE, Y., НАСА оплатило полеты своих астронавтов до 2011 года, NK n°6-2007


Dernière mise à jour : 31 octobre 2016