Loutch | Les satellites Loutch

1. Généralités

Les satellites Loutch (11F669) sont développés et construits par NPO PM sur la base d'une plate-forme KAUR-4. Ils ont une masse au lancement de 2500kg et une durée de vie théorique de trois ans [1]. Ils sont placés sur orbite géostationnaire par des lanceurs Proton-K équipés d'étages supérieurs Bloc DM-2. Quatre exemplaires ont été lancés entre 1985 et 1994.

Fig. 1.1 : Schéma du satellite Loutch.
Crédit : ISS Rechetniov.

Il peut maintenir sa position sur l'orbite géostationnaire avec une précision de ±0,5° [1]. Son rôle est d'assurer les communications dans les deux sens entre le Centre de Contrôle des Vols (TsUP) de Koroliov et certains satellites ou vaisseaux spatiaux évoluant sur orbite basse, notamment la station Mir et la navette Bourane. Le projet d'origine prévoyait l'emploi de trois satellites et de deux stations-relais au sol, l'une à Chtchiolkovo (NIP-14) et l'autre dans le Kamtchatka. Dans la pratique, il n'y a jamais eu trois satellites en service simultanément, et seul le NIP-14 a été équipé [8].

Fig. 1.2 : Satellites Loutch en préparation chez NPO PM.
Crédit : NPO PM.

Fig. 1.3 : Un satellite Loutch en préparation chez NPO PM.
Crédit : NPO PM.

2. La plate-forme KAUR-4

Il s'agit d'une plate-forme pressurisée développée initialement pour les satellites militaires Potok (11F663). L'orientation et les corrections d'orbite sont assurées par l'ensemble moteur 17B11, qui est constitué de deux types de moteurs, tous deux fournis par l'OKB Fakel [2] :

- le moteur plasmique SPD-70 pour le maintien sur orbite. Il fournit une poussée de 40mN et consomme 660W sous 300V. Il a une impulsion spécifique de 1470", et donc un rendement de 0,43. Il a une masse de 2kg, peut fonctionner 3100 heures et ses dimensions sont 167x100x87mm [3].

Fig. 2.1 : Les moteurs SPD-70.
Crédit : OKB Fakel / Nicolas PILLET.

- le moteur thermocatalytique K-10 pour l'orientation. Il consomme de l'hydrazine et fournit une poussée de 100mN avec une impulsion spécifique comprise entre 200 et 220". La pression à l'admission est comprise entre 172 et 184kPa et il peut être allumé jusqu'à 70000 fois. Il a une masse de 200g et ses dimensions sont 137x130x44mm.

Fig. 2.2 : Le moteur K-10.
Crédit : OKB Fakel.

Fig. 2.3 : Les blocs de moteurs K-10 sur le satellite Loutch.
Crédit : Nicolas PILLET.

La KAUR-4 est également équipée du système de stabilisation par actionneur gyroscopique 17L21 fourni par NPTs Poliouss. Il est constitué d'un actionneur de stabilisation (SDM) avec un moment cinétique fixe de 100N.m.s et d'un actionneur de contrôle (UDM) avec un moment cinétique variable entre 0 et 12N.m.s.

L'orientation est déterminée grâce à un capteur solaire 251K3 fourni par NPO Gueofizika. Il consomme 5W et est constitué d'un boîtier électronique BE (Блок Электроники) de 1,5kg et d'une partie optique OB (Оптический Блок) de 1,6kg. Celle-ci est dotée d'un capteur qui tourne sur lui-même à vitesse constante, avec une erreur de 3tr/min, pour déterminer deux coordonnées de la position relative du Soleil par rapport au satellite [4].

Fig. 2.4 : Le capteur 251K et deux 251K3 sur le satellite Loutch.
Crédit : Gueofizika-Cosmos / Nicolas PILLET.

Pour déterminer son orientation avec une plus grande précision, le satellite est équipé de capteurs stellaires 220K1, également fournis par NPO Gueofizika. Il a une masse de 20kg, consomme 38W et observe dans un champ de 10°x10° pour viser l'étoile polaire [4].

Fig. 2.5 : Le capteur 220K1 et deux exemplaires sur le satellite Loutch.
Crédit : Gueofizika-Cosmos / Nicolas PILLET.

Le satellite est contrôlé par un ordinateur de bord Saliout-4M fourni par NPO ELAK [5]. La puissance électrique est fournie par deux panneaux solaires qui sont éloignés du corps du satellite de 2,5m afin de ne pas gêner le mouvement des antennes [6].

Fig. 2.6 : Le système de rotation d'un panneau solaire.
Crédit : Nicolas PILLET.

3. La charge utile

Les satellites Loutch sont équipés de transpondeurs multifréquences Orion, fournis par le RNIIKP [7]. Ils envoient leurs signaux vers le sol à l'aide de trois antennes paraboliques [1][6] :

- une antenne de 0,6m de diamètre pour les transmissions en SHF (14GHz/11GHz),
- une antenne de 4,5m de diamètre pour les transmissions en UHF (900MHz/700MHz),
- une antenne à double miroir de 1,6m et 3m de diamètre pour les transmissions en bande Ku (15GHz/13GHz).

Fig. 3.1 : De gauche à droite : l'antenne pliable de 4,5m,
l'antenne à double miroir et l'antenne de 0,6m.
Crédit : Nicolas PILLET.

Chaque antenne est orientable afin de viser avec précision le récepteur au sol, qui a besoin d'une parabole de 80cm de diamètre pour recevoir le signal. L'antenne de 4,5m de diamètre est pliable afin de tenir sous la coiffe du lanceur (cf. fig. 1.2a) et, afin de limiter sa masse et de permettre son pliage, elle est réalisée en maille métallique, fournie par l'Institut de Génie des Matériaux de l'Académie des Sciences d'Ukraine [6].

Fig. 3.2 : L'antenne à double miroir en position de lancement.
Crédit : ISS Rechetniov.

Bibliographie

[1] IVANOV, S., Оружие и технологии России, Tome 5, p. 352
[2] TESTOÏEDOV, N., Космический аппарат "Поток", in PERVOV, M., История развития отечественных автоматических космических аппаратов, Moscou, 2015, p. 313
[3] Brochure de l'OKB Fakel
[4] EGOUPOV, A., 175 лет Геофизика-Космос, pp. 92-98
[5] Panneau d'information de NPO ELAK
[6] TESTOÏEDOV, Op. Cit., pp. 326-328
[7] OURLITCHITCH, Y., Технико-исторический музей, p. 105
[8] VICHNEKOV, V., Перспективы использования опыта разработки и эксплуатации системы связи со станцией "Мир" и кораблём "Буран" для Российского Сегмента МКС, KTT n°03-2013
[9] TCHERNYCHEV, A., Et. al., Притяжение "Полюса", Tomsk, 2001, p.


Dernière mise à jour : 21 avril 2024