Saliout-6 EP-1 | Chronologie

1. Lancement du vaisseau Soyouz-27

Le 88ème lanceur Soyouz-U (11A511U n°Д15000-106) décolle du pas de tir n°5 (17P32-5) de la zone n°1 du cosmodrome de Baïkonour le 10 janvier 1978 à 12h26'00" GMT.

La charge utile est constituée du vaisseau spatial Soyouz-27 (11F615A8 n°44), occupé par les cosmonautes Vladimir DZHANIBEKOV et Oleg MAKAROV. Le vaisseau est placé avec succès sur une orbite basse (190km x 237km x 51,7°) [3].

Fig. 1.1 : Décollage de Soyouz-27 le 10 janvier 1978.
Crédit : RKK Energuia.

L'objectif est de rejoindre la station Saliout-6 en vingt-quatre heures. Le plan de vol initial prévoyait de réaliser deux corrections lors des orbites 4 et 5, et deux autres lors des orbites 16 et 17. Mais comme le vaisseau Soyouz-26 est déjà amarré à l'arrière de Saliout-6 et obstrue l'une des antennes du système de rendez-vous Igla, Soyouz-27 doit réaliser son approche avec une précision plus élevée qu'habituellement. Il faut en effet assurer qu'il arrive dans la zone de visibilité des antennes non obstruées en tenant compte des marges d'erreur des corrections d'orbite [1].

Afin d'améliorer la précision, une cinquième correction d'orbite sera réalisée à l'issue des deux premières, lors des orbites 11 à 13, afin de compenser leurs éventuelles imprécisions.

Fig. 1.2 : MAKAROV et DZHANIBEKOV à bord de Soyouz-27, le 10 janvier 1978.
Crédit : TASS.

Mais un autre problème se pose. Afin de pouvoir calculer les paramètres de la correction supplémentaire, encore faut-il connaître l'imprécision induite par les deux premières. Il faut pour cela que les stations de poursuite mesurent l'orbite du vaisseau avec précision, ce qui ne sera pas possible puisque, à l'issue des deux premières corrections, Soyouz-27 entrera dans une zone d'invisibilité qui durera jusqu'à l'orbite 11. Les navires de poursuite pourraient réaliser les mesures d'orbite, mais ils ne sont pas assez précis [1].

Le TsUP décide donc de réaliser le rendez-vous selon une séquence raccourcie, et de réaliser les deux premières corrections lors de l'orbite n°4, ce qui permettra de garder les orbites 5 et 6 pour effectuer les mesures et calculer les paramètres des corrections suivantes [1].

Date Heure
(GMT)
Orbite dV
(m/s)
Paramètres post-allumage
10 janvier 1978 17h30'10" 4 15,14 214km x 272km x 51,6104°
10 janvier 1978 17h50'42" 4 19,89 256km x 301km x 51,6095°
Tableau 1.1 : corrections réalisées par Soyouz-27 lors de l'orbite n°4 ([1]).

Les corrections sont menées à bien avec une grande précision, et les mesures réalisées lors de l'orbite n°4 montrent que la correction supplémentaire n'est finalement pas nécessaire. Le TsUP revient donc sur le plan de vol initial et demande la réalisation des deux dernières corrections lors de l'orbite 17 [1].

Date Heure
(GMT)
Orbite dV
(m/s)
Paramètres post-allumage
11 janvier 1978 12h33'27" 17 12,95 279km x 315km x 51,6114°
11 janvier 1978 13h12'42" 17 10,31 286km x 337km x 51,6114°
Tableau 1.2 : corrections réalisées par Soyouz-27 lors de l'orbite 17 ([1]).

Le vaisseau Soyouz-27 s'amarre sans incident à l'avant de Saliout-6 le 11 janvier 1978 à 14h05'54" GMT, lors de l'orbite 18, à l'aide du système SSVP. Les écoutilles sont ouvertes quelques instants plus tard, et DZHANIBEKOV et MAKAROV retrouvent l'équipage de la première expédition principale (EO-1), constitué de Youri ROMANENKO et Gueorgui GRETCHKO.

C'est la première fois que trois engins spatiaux sont amarrés sur orbite, et la première fois que quatre cosmonautes volent ensemble.

2. Le vol sur Saliout-6

L'une des principales activités scientifiques de la mission EP-1 est la conduite de l'expérience franco-soviétique Cytos, apportée à bord de Soyouz-27 [4]. Son objectif est de déterminer l'influence de la microgravité dans la croissance de la bactérie Proteus Vulgaris. Elle est réalisée du 11 au 15 janvier 1978 [5].

Fig. 2.1 : Les deux équipages réunis à bord de Saliout-6.
Crédit : TASS.

Une autre expérience consiste à évaluer la possibilité d'orienter Saliout-6 en se basant sur des moyens optiques [6].

Les 14 et 15 janvier 1978, les cosmonautes réalisent l'expérience Rezonans qui vise à étudier les caractéristiques mécaniques du complexe constitué de Saliout-6 et des deux vaisseaux Soyouz. L'objectif est notamment de mesurer précisément les efforts au niveau des pièces d'amarrage [7].

3. Atterrissage du vaisseau Soyouz-26

DZHANIBEKOV et MAKAROV embarquent à bord de Soyouz-26 le 16 janvier 1978. Le vaisseau se sépare de Saliout-6 à 08h08'00" GMT, et son moteur SKD est mis en service à 10h36'10" GMT (dt=194,9", dV=120,0m/s) afin d'amorcer la rentrée dans l'atmosphère [1].

Les trois compartiments du vaisseau se séparent à 10h54'32" GMT, et le Compartiment de Descente (SA) atterrit à 11h24'58" GMT à 310km à l'ouest de Tselinograd (51,7°N, 67,2°E) [2][1].

Fig. 3.1 : Atterrissage de Soyouz-26.
Crédit : TASS.

Les deux cosmonautes sont ensuite rapatriés à Baïkonour. Leur vol a duré 5 jours 22 heures 58 minutes. Le vaisseau Soyouz-26, qui avait décollé le 10 décembre 1977, a quant à lui réalisé un vol de 37 jours 9 heures 35 minutes. C'est la première fois que deux équipages s'échangent leurs vaisseaux.

Bibliographie

[1] PETROV, B., Навигационное обеспечение полета орбитального комплекса "Салют-6" - "Союз" - "Прогресс", Moscou, 1985, pp. 236-237, p. 258, p. 280
[2] AFANASSIEV, I., et al., Возвращение из космоса, Moscou, 2012
[3] Espace Information, revue du CNES
[4] IFHE, 50 ans de coopération spatiale France-URSS/Russie, p. 167
[5] DOUBININE, Биологические исследования на орбитальных станциях Салют, Moscou, 1984, p. 33
[6] KLIMOUK, et al., Визуальные наблюдения и загрязнение оптики в космосе, Leningrad, 1983, p.35
[7] SYROMIATNIKOV, V., 100 рассказов о стыковке, Vol. 2, Moscou, 2008, p. 88


Dernière mise à jour : 17 novembre 2018