Molnia | 12 février 1961

Le 4ème lanceur Molnia (8K78 n°Л1-6), équipé d'un étage supérieur Bloc L, a décollé du pas de tir n°5 (17P32-5) de la zone n°1 du cosmodrome de Baïkonour le 12 février 1961 à 00h34'36,7" GMT.

Les trois premiers étages fonctionnent bien et placent sur orbite le Bloc L et sa charge utile, constituée de la sonde Venera-1. C'est la première fois qu'un engin spatial est en route pour une autre planète.

La campagne de lancement

Le lanceur avait été amené sur le pas de tir dans la matinée du 11 février (il était sorti du MIK à 00h00 GMT).

Le vol interplanétaire

Après le succès de son injection sur une trajectoire vers Vénus, la sonde 1VA n°2 est rebaptisée Venera-1. A 09h00 GMT, soit un peu moins de neuf heures après son départ, elle est déjà à 126300km de la Terre. Elle évolue à la vitesse de 4050m/s.

Mais quelques instants après l'annonce de la bonne nouvelle, la station d'Eupatorie donne l'alerte : il semblerait que le système d'orientation solaire (PSO) ne fonctionne pas correctement. Les ingénieurs essayent alors de communiquer avec Venera-1, mais sans succès. Ils réalisent alors qu'ils ont commis une grave erreur dans la conception de l'engin.

En effet, les sondes 1VA, quand elles sont en phase de recherche du Soleil, coupent automatiquement tous leurs systèmes électriques, par mesure d'économie. Mais le système qui autorise le démarrage des séances de communication avec la Terre ne fait pas exception ! Les ingénieurs devront donc attendre cinq longues journées avant que la sonde ne communique automatiquement.

En attendant, les radars suivent Venera-1. Le 13 février à 09h00, elle est à 488900km de la Terre. Le 17 février 1961 à 11h04 GMT, elle en est à 1889000km. Sa vitesse diminue donc légèrement, pour n'être plus que de 3923m/s.

C'est précisément le 17 février que doit intervenir la séance de communication tant attendue. A l'heure prévue, l'un des techniciens s'exclame "on reçoit un signal !". Les applaudissements retentissent alors dans la salle. Mais la déception vient vite prendre la place de la joie : il apparaît clairement que le PSO ne fonctionne toujours pas.

La communication suivante devait se tenir le 22 février 1961. Elle n'eut jamais lieu. La transmission du 17 février fut la dernière.

La fin de la mission

Toutefois, même silencieuse, Venera-1 continue sa route. Le 3 mars 1961, elle est à 6683000km de la Terre et évolue à la vitesse de 4166m/s. A la fin du mois de mai 1961, la sonde passe à environ 100000km de la planète Vénus. Entre temps, l'Union soviétique a réussit l'exploit historique d'envoyer un homme dans l'Espace.

Les causes de l'échec

Une commission d'enquête, composée de TCHERTOK, RAOUCHENBAKH, MALAKHOV, KHODAREV, OSTACHEV et de MAKSIMOV, ainsi que de représentants des Forces aériennes, est mise sur pieds. La cause de la panne dont a été victime le PSO est rapidement identifiée.

Il apparaît en effet que, quand les ingénieurs de l'OKB-1 ont conçu la sonde 1VA, ils ne se sont souciés que de la température globale de l'engin, sans prêter attention aux différences qu'il pouvait y avoir entre les différentes parties. Les capteurs du PSO n'étaient donc pas capables de supporter une température supérieure à 80°C; ils ont donc rapidement été détruits.

D'autre part, il a été déterminé que l'échec des communications au-delà du 17 février est dû à une défaillance du PVU (l'appareil qui programme les actions de la sonde). Il est décidé que toutes les futures sondes interplanétaires seront équipées de systèmes de réception fonctionnant en permanence, et non de manière périodique comme sur les 1VA.

Bibliographie

Raketii i Lioudi, tome 2, Boris TCHERTOK
The Soviet Exploration of Venus
: l'excellent site de Don MITCHELL
La page http://epizodsspace.testpilot.ru/bibl/ejeg/1961/61.html


Dernière mise à jour : 13 février 2007