MKS EP-3 | Historique

La principale raison d'être de la troisième mission de visite de la Station Spatiale Internationale (MKS) est la nécessité du remplacement du vaisseau Soyouz TM-33, en orbite depuis le mois d'octobre 2001. Le lancement aura lieu en avril 2002 à bord du Soyouz TM-34, le dernier de sa génération.

Le nom de l'ingénieur de bord est connu très tôt : ce sera l'Italien Roberto VITTORI. Il effectuera la mission Marco Polo sous la responsabilité de l'Agence Spatiale Italienne (ASI) et de l'Agence Spatiale Européenne (ESA).

Sergueï ZALIOTINE, qui avait dirigé l'équipage de réserve de la mission précédente, fut un moment pressenti pour assurer le commandement de Soyouz TM-34. Mais il est affecté à la mission suivante (EP-4), la première à utiliser le nouveau Soyouz TMA, et c'est Youri GUIDZENKO qui est nommé à sa place.

Le 27 août 2001, GUIDZENKO et VITTORI commencent leur formation au Centre d'Entraînement des Cosmonautes (TsPK).

Fig. 1 : Roberto VITTORI et Youri GUIDZENKO devant le simulateur Soyouz.
Crédit : DR.

Au mois de juillet 2001, on apprend que la troisième place pourrait être occupée par un cosmonaute non professionnel. Le Sud-africain Mark SHUTTLEWORTH est en effet en train de négocier avec Rosaviacosmos pour devenir le deuxième « touriste de l'Espace », bien qu'il ait déclaré ne pas aimer cette appellation.

Deux mois plus tôt, en avril 2001, le milliardaire américain Dennis TITO est en effet devenu le premier passager privé d'un vaisseau spatial, grâce notamment à l'action de la société privée Space Adventures. Peu de temps après ce vol, au printemps 2001, SHUTTLEWORTH a passé avec succès des examens médicaux à l'Institut des Problèmes Biomédicaux (IMBP) et il a commencé à s'entraîner au TsPK le 17 juillet 2001.

Fig. 2 : VITTORI, GUIDZENKO et SHUTTLEWORTH au TsPK.
Crédit : DR.

Le 5 décembre 2001, soit le jour même du décollage de la mission MKS-4 à bord de la navette spatiale américaine Discovery STS-108, Mark SHUTTLEWORTH et Space Adventures signent le contrat avec Rosaviacosmos. Dans le même temps, les cosmonautes PADALKA et KONONIENKO sont affectés à l'équipage de réserve.

Contrairement à ce qui s'était passé avec Dennis TITO, la NASA et les autres partenaires du programme affirment ne voir aucun inconvénient à ce que le Sud-africain se joigne à l'équipage EP-3.

Il faut dire que SHUTTLEWORTH a une approche radicalement différente de TITO sur son vol dans l'Espace. Alors que le premier touriste n'avait pour seul projet que de prendre des photos et passer du bon temps en apesanteur, le deuxième a monté un programme scientifique qu'il désire mettre en œuvre en orbite, et ce avec l'appui de nombreux chercheurs d'Afrique du Sud. Il veut également profiter de sa mission pour intéresser les jeunes de son pays à la science et à l'Espace et déclare ainsi qu'« il essaie d'aller là-haut pour pousser les gens partout en Afrique à se familiariser avec la technologie et la science ».

Ainsi, lors d'une conférence de presse le jour même de la signature du contrat, Youri KOPTIEV, le directeur de Rosaviacosmos, déclare que « la situation est tout à fait différente de celle qui prévalait il y a un an », et que les discussions avec les partenaires de la station « se déroulent d'une manière plus civilisée ».

SHUTTLEWORTH déclare également qu'il « ne voit pas du tout cela comme du tourisme, mais comme le premier programme privé » et qu'il n'« aime pas l'appellation de tourisme car elle ne décrit pas réellement ce qu('il) fait ». En revanche, la somme exacte qu'il a dû payer pour son vol n'a pas été divulguée. Elle est cependant estimée entre 10 et 20 millions de dollars.

A la fin du mois de janvier 2002, tous les cosmonautes partent une semaine au Centre Spatial Johnson de Houston, au Texas, pour y suivre une formation sur les principaux systèmes du segment américain de la station. SHUTTLEWORTH déclare avoir reçu un accueil « absolument fantastique ».

Fig. 3 : Image insolite d'un « peintre sur fusée »...
Crédit : DR.

Le 8 février 2002, on apprend auprès de responsables russes que SHUTTLEWORTH a signé un contrat d'assurance avec la société Megarus pour couvrir toute la durée de l'entraînement, le vol sur orbite et la période de réhabilitation.