IS | Histoire

L'idée de mettre en place des satellites pour incapaciter d'autres satellites remonte au début des années 1950, aux pires heures de la Guerre Froide. Les Soviétiques seront les premiers à mettre en place un tel système, grâce notamment à l'influence de Vladimir TCHELOMEÏ.

1. Le choc du Spoutnik

Dès le début des années 1950, alors même que les satellites artificiels ne sont encore qu'un concept assez vague, leur potentiel militaire est clairement identifié. En avril 1954, les militaires américains réalisent déjà une étude de faisabilité pour une arme capable d'abattre un satellite ennemi [1].

Le 4 octobre 1957, l'Union soviétique réalise avec succès la mise sur orbite du Premier Satellite Artificiel de la Terre que les Occidentaux, pris par surprise, surnomment Spoutnik.

Fig. 1.1 : La une du New York Times du 5 octobre 1957.
Crédit : DR.

La réaction américaine au satellite soviétique n'est toutefois pas immédiate. Autant la preuve que l'URSS dispose d'un missile balistique intercontinental provoque les craintes de Washington, autant la menace du satellite lui-même n'est pas perçue comme proéminente. S'il est clair que des satellites soviétiques auront à moyen terme la capacité d'observer en toute liberté le territoire américain, il semble peu vraisemblable qu'ils puissent être porteurs d'une arme nucléaire, tant les contraintes opérationnelles d'un tel système seraient prohibitives.

Lors de sa conférence de presse du 9 octobre 1957, le Président Dwight D. EISENHOWER insiste très fortement sur la différence entre l'enjeu des missiles balistiques, d'une part, et celui des satellites, d'autre part. Quand une journaliste lui demande si le satellite soviétique le rend inquiet quant à la sécurité des Etats-Unis, il répond que « concernant le satellite lui-même, cela ne soulève pas (son) inquiétude d'un iota » [3].

Fig. 1.2 : Le Président Dwight D. EISENHOWER.
Crédit : DR.

Au sein des Forces armées américaines, tout le monde ne partage pas le point de vue du Président. Dans l'édition d'avril 1958 du très idéologique Air Force Magazine, le général Thomas D. WHITE, chef d'état-major de l'US Air Force, donne son point de vue sur le rôle que les Etats-Unis doivent jouer dans le domaine spatial.

Mr. HERMAN : Si j'ai bien compris, voulez-vous dire par « contrôle de l'Espace » le contrôle de l'accès à l'Espace par n'importe quelle nation, n'importe où sur Terre, et que nous devrions détecter et interférer avec cet accès ?

Général WHITE : Je m'éloigne quelque peu de mon sujet, mais l'une des façons de contrôler la mer en temps de guerre est le blocus (...). Je pense que la même chose peut s'appliquer pour sortir de l'enveloppe naturelle de la Terre vers l'Espace.

Général Thomas D. WHITE
Traduction Nicolas PILLET

Pour rendre un satellite ennemi inefficace, deux approches existent. La première consiste à lancer un satellite dans le même plan orbital que la cible, puis de l'amener suffisamment près et de le faire exploser, détruisant du même coup l'engin considéré comme une menace. C'est l'approche coplanaire.

En 1957, un chercheur grec travaillant pour l'Université de Californie avait émis une hypothèse à laquelle les militaires ne resteront pas indifférents. Nicholas CHRISTOFILOS, c'est son nom, pense qu'une explosion nucléaire sur orbite générerait un flux d'électrons qui seraient captés par les lignes du champ magnétique terrestre, et détruiraient les circuits électroniques de tout satellite s'en approchant [2].

Fig. 1.3 : Nicholas CHRISTOFILOS.
Crédit : DR.

Cette seconde approche, dite d'ascension directe, a le mérite d'être beaucoup plus simple à mettre en œuvre. A l'heure où la notion de rendez-vous orbital n'est encore qu'un concept plutôt vague, l'idée de pouvoir détruire un ou plusieurs satellites à l'aide d'une bombe que l'on n'a même pas besoin de guider avec précision semble intéressante.

Dès le mois d'avril 1958, soit six mois après le lancement du premier satellite soviétique, le DoD autorise le projet Argus, qui consistera à faire exploser trois bombes atomiques en haute altitude afin d'étudier les conséquences. La première bombe, d'une capacité de 1,7kt, est lancée le 27 août 1958 du navire USS Norton Sound par une fusée X-17A. Le satellite Explorer IV, mis sur orbite spécialement pour l'occasion, confirme l'hypothèse de CHRISTOFILOS [2].

2. Les premiers projets soviétiques

En Union soviétique, l'utilisation militaire offensive des satellites n'a pas été envisagée aussi tôt qu'aux Etats-Unis. Ni la tête du Parti communiste, ni les Forces armées ne s'intéressaient à l'Espace avant le lancement du premier satellite, excepté pour l'utilisation d'engins de reconnaissance orbitaux.

Mais la montée en puissance des moyens spatiaux militaires américains retient l'attention de Moscou. Dès 1958, le Bureau Spécial de Construction n°41 (SKB-41), dirigé par Anatoli SAVINE et spécialisé dans le développement de radars à usage militaire, est invité à se pencher sur la question de l'utilisation de tels radars dans l'Espace. Les Forces de Défense Antiaérienne (PVO), notamment, sont intéressées par un système d'interception de satellites [4].

Fig. 2.1 : Anatoli Ivanovitch SAVINE.
Constructeur général du SKB-41
Crédit : Системы ракетно-космической обороны России создавались так.

Parallèlement, en cette même année 1958, l'OKB-155 de l'avionneur Artiom MIKOYAN commence à étudier la faisabilité d'un satellite antisatellite. Placé sous la direction de Zinovyi BERSOUDSKI, le satellite KOMIK serait placé sur orbite par un dérivé du missile R-7 de l'OKB-1, celui-là même qui a lancé le premier satellite quelques mois plus tôt, et serait doté d'un radar fourni par le SKB-30 de Grigori KISSOUNKO [5].

Fig. 2.2 : Le projet KOMIK.
Crédit : Vadim LOUKACHEVITCH.

Les projets spatiaux militaires, par ailleurs, intéressent le Bureau d'Etudes Expérimentales n°52 (OKB-52) de Vladimir TCHELOMEÏ. Celui-ci, spécialisé dans le développement des missiles de croisières, désire lui aussi diversifier ses activités dans le secteur spatial qui, jusque là, est dominé par les bureaux d'études OKB-1 de Sergueï KOROLIOV et OKB-586 de Mikhaïl YANGUEL.

En 1958, TCHELOMEÏ recrute Sergueï KHROUCHTCHEV, le fils du Premier Secrétaire du Parti communiste. Il a dorénavant une visibilité au sommet de l'Etat qui va lui permettre de proposer ses projets spatiaux. L'un d'eux, baptisé Raketoplan, consiste en un avion spatial à vocation principalement militaire, qui serait notamment capable d'intercepter un satellite ennemi. Son développement commence dès 1959 [6].

Fig. 2.3 : Le projet Raketoplan, dans sa version chasseur de satellite.
Crédit : NPO Machinostroïenia.

N'étant pas en capacité de développer le radar en interne, TCHELOMEÏ se tourne vers le SKB-41 d'Anatoli SAVINE, qui avait déjà travaillé sur la question. Ce bureau d'études a déjà une charge de travail conséquente du fait de la multitude des programmes de missiles en cours, et il doit transférer le programme du missile K-9, destiné à armer le chasseur Su-7, vers une autre organisation [6].

Pendant ce temps, les Américains réalisent de premiers essais d'interception de satellites à l'aide de missiles balistiques aéroportés. Le 22 septembre 1959, la première de ces tentatives est un échec, quand le missile High Virgo, qui devait intercepter le satellite Explorer 5, perd sa navigation après son tir depuis un avion B-58 Hustler. Une deuxième tentative est réalisée dès le 13 octobre 1959, cette fois avec un missile Bold Orion, qui passe à 6,4km d'Explorer 6. Si le missile avait été équipé d'une tête nucléaire, comme cela aurait été le cas en situation réelle, il aurait pu détruire le satellite.

Quelques semaines avant ces essais, le 20 août 1959, le Département de la Défense américain avait lancé les premières études dans le cadre du programme SAINT (SAtellite INTerceptor). Préférant l'approche coplanaire à l'ascension directe.

3. La bataille des radaristes

En 1959, deux bureaux d'études soviétiques sont donc en concurrence pour le développement du premier satellite antisatellite. Le projet de MIKOYAN utilise un radar du SKB-30, et celui de TCHELOMEÏ fait appel aux radars du SKB-41. Ces deux entités font partie du même bureau de construction, le KB-1 d'Aleksandr RASPLETINE.

Fig. 3.1 : Aleksandr Andreïevitch RASPLETINE.
Constructeur général du KB-1.
Crédit : DR.

Ces deux divisions du KB-1 se livrent donc à une véritable compétition pour remporter la maîtrise d'œuvre du premier système de radar embarqué dans l'Espace. En 1960, quand KISSOUNKO, le chef du SKB-30, est en déplacement sur la base de Sary-Chagan, la direction du KB-1 tente de transférer trois-cents de ses ingénieurs vers le SKB-41 de SAVINE [7].

4. La naissance du chasseur de satellites

Le 23 juin 1960 est une date fondamentale dans l'Histoire spatiale soviétique. Ce jour là, le Parti communiste publie deux décrets qui répartissent la charge de travail entre l'OKB-1 de KOROLIOV, qui a déjà accumulé un savoir-faire solide dans le domaine spatial, et l'OKB-52 de TCHELOMEÏ, nouvel entrant dans ce secteur. Le premier décret (n°715-296) s'adresse à KOROLIOV et lui confie le lanceur N-1 et les sondes d'exploration du système solaire. Le second (n°714-295) approuve le projet de Raketoplan de TCHELOMEÏ, et notamment sa version IS, ou « chasseur de satellites » (Истребитель Спутников)

Fig. 4.1 : Vladimir Nikolaïevitch TCHELOMEÏ.
Constructeur général de l'OKB-52.
Crédit : DR.

Le 10 septembre 1960, KOROLIOV propose à TCHELOMEÏ de coopérer sur certains projets spatiaux, notamment sur le thème de la défense antisatellite. Cette invitation restera sans suite et, le 16 novembre 1960, KOROLIOV, MIKOYAN et KISSOUNKO rencontrent Nikita KHROUCHTCHEV pour défendre leur projet KOMIK, plus modeste mais plus réaliste que le Raketoplan [7]. Comme ce dernier est déjà validé, le KOMIK est définitivement refusé.

En cette fin d'année 1960, les briques technologiques qui permettront d'arriver au Raketoplan restent encore à construire. L'OKB-52 n'a encore aucune expérience des technologies spatiales et, à ce moment là, aucun vaisseau habité n'a encore été mis sur orbite. L'une des principales technologies qu'il va falloir développer est la capacité de manœuvre sur orbite. Ironiquement, le seul engin au monde qui a involontairement réalisé un changement d'orbite est le vaisseau Korabl-Spoutnik qui, le 15 mai 1960, a subi une panne de son système d'orientation.

Dmitri OUSTINOV, le président de la Commission Militaro-industrielle (VPK), l'organisme qui chapeaute l'ensemble des Ministères dont dépendent les différents industriels du secteur spatial, écrit une lettre au Comité central du Parti communiste le 4 février 1961 pour apporter son soutien au projet IS. Il recommande la publication d'un nouveau décret afin de démarrer les travaux sur un démonstrateur technologique.

Fig. 4.2 : Dmitri Fiodorovitch OUSTINOV.
Président de la VPK.
Crédit : DR.

Ces satellites IS devront être capables d'intercepter n'importe quel satellite ennemi évoluant entre 250km et 1000km d'altitude. Ils devront être prêts au quatrième trimestre 1963, soit dans un délai de moins de trois ans.

Alors que la Guerre froide s'intensifie, et que les Etats-Unis investissent de plus en plus de ressources dans leur programme spatial militaire, la défense antisatellite devient une priorité nationale. Le 15 février 1961, le Ministre de la Défense Rodion MALINOVSKI écrit au Secrétaire du Parti communiste, Frol KOZLOV, pour lui recommander l'abandon d'un certain nombre de programmes à vocation purement scientifique afin de concentrer l'effort de l'Etat sur les applications spatiales militaires. Il considère le projet IS comme l'un de ceux qui doivent être priorisés.

Ses vœux sont exaucés le 16 mars 1961. Alors que Youri GAGARINE se prépare pour son vol historique à bord de Vostok, le Comité central du Parti communiste publie un décret (n°258-110) pour entériner le développement du satellite IS à l'OKB-52.

Le document confie également à l'OKB-52 la création du missile UR-200 (8K81) et de son lanceur dérivé UR-200A (8K83), qui mettra les IS sur orbite basse. TCHELOMEÏ, qui était un parfait inconnu du secteur spatial il y a un an de cela, est dorénavant à la tête d'un projet d'envergure.

5. Le difficile développement de l'IS

L'avant projet de l'IS est terminé dès le mois d'avril 1961. Il est validé par une commission de l'OKB-52 en juin 1961, et les spécifications techniques sont fixées en août-septembre 1961 [9].

En mars 1962, il est décidé de lancer les premiers prototypes de l'IS sans attendre que l'UR-200A soit opérationnel. La Filiale n°3 de l'OKB-1 est sollicitée pour fournir une version spécifique de son missile R-7A (8K74), qui sera (rétrospectivement) baptisée Poliot (11A59) [9].

Fig. 5.1 : Schéma du lanceur Poliot.
Crédit : A. CHLIADINSKI.

Par ailleurs, le développement des moteurs de l'IS, confié à l'OKB-300 de Sergueï TOUMANSKI, prend du retard. Le 4 mai 1962, TCHELOMEÏ rencontre Alekseï ISSAÏEV, le constructeur général de l'OKB-2 qui a déjà fourni le moteur S5.4 (8D66) pour le vaisseau Vostok (3KA) et le satellite Zenit-2 (11F61). Il lui demande de développer un moteur de transition en attendant que celui de l'OKB-300 soit prêt [9].

Les satellites IS seront donc construits en deux versions : les I-2B avec le moteur d'ISSAÏEV, et les I-1B avec le moteur de TOUMANSKI. Trois exemplaires de chaque version seront produits par l'OKB-52, le premier étant réservé pour les essais au sol, et les deux suivants pour les essais en vol. Le 23 mai 1963, la VPK publie l'ordre de procéder aux deux premières étapes des essais [9].

Les essais des moteurs sont conduits au NII KhimMach de Peresviett, et les essais électriques du satellite sont réalisés sur un banc d'essai construit spécialement pour l'occasion à la Filiale n°2 de l'OKB-52, située à Semionovskoïe [9][10]. Le système de séparation qui relie le satellite au deuxième étage (Bloc A) du lanceur Poliot est testé au Centre d'Essais en Vol (LII) de Zhoukovski, et le largage de la coiffe au NII-2 de Faoustovo [9].

Le système de contrôle du satellite est fourni par le SKB-41 d'Anatoli SAVINE, où le projet est dirigé par Konstantin VLASKO-VLASSOV. C'est ce même bureau d'études qui développe le radar embarqué, qui ne sera pas présent pour les premiers vols d'essais.

6. Les premiers essais en vol

Le premier satellite IS est envoyé à Baïkonour à l'automne 1963. Il est préparé au lancement dans le MIK-2 « prêté » par l'OKB-1, à côté de son lanceur Poliot [9].

Leonid SMIRNOV, le président du Comité National des Techniques de Défense (GKOT), dont dépend l'OKB-1, écrit une lettre au Comité central du Parti communiste le 12 octobre 1963 pour demander l'autorisation de procéder au lancement.

La réponse arrive le 22 octobre 1963 avec un décret (n°1084-387) qui demande le lancement de l'IS et indique la constitution de la Commission d'Etat qui supervisera le vol. Celle-ci sera dirigée par le général Aleksandr ZAKHAROV, le commandant du cosmodrome de Baïkonour. Le document précise également qu'en cas de succès des essais, il sera présenté au public comme le premier satellite manœuvrant du monde. Dans le cas contraire, il sera simplement annoncé comme un satellite « Cosmos » supplémentaire.

Titre Nom Fonction
Président A.G. ZAKHAROV Commandant du NIIP-5 (Baïkonour)
Directeur technique V.N. TCHELOMEÏ Constructeur général de l'OKB-52
Directeur technique adjoint M.I. LIVCHITS Constructeur général adjoint de l'OKB-52
Directeur technique adjoint A.A. RASPLETINE Constructeur général du KB-1
Président adjoint K.A. TROUSSOV Commandant adjoint de la 4ème Direction Principale
du Ministère de la Défense
Président adjoint A.A. KOBZAREV Président adjoint du Comité National
des Techniques Aéronautiques (GKAT)
Membre G.I. VORONINE Constructeur principal de l'Usine n°124
Membre A.G. KARASS Commandant de l'Unité n°32103
Membre G.S. LEGASSOV Président du Comité Scientifique et Technique
des Forces de Défense Antiaérienne (PVO)
Membre Y.I. PAVLOV Constructeur principal adjoint du KB-1
Membre V.A. POLIATCHENKO Constructeur en chef de l'OKB-52
Membre A.I. SAVINE Constructeur principal du KB-1
Membre V.V. SATCHKOV Constructeur principal adjoint de l'OKB-52
Membre N.G. SKOROBOGATOV Constructeur en chef de l'OKB-2
Membre V.G. STEPANOV Constructeur principal adjoint de l'Usine n°300
Membre E.V. CHABAROV Constructeur principal adjoint de l'OKB-1
Membre P.V. CHTCHERBAKOV Chef de Département du GURVO
Tableau 6.1 : Composition de la Commission d'Etat pour le lancement de Poliot-1 (source : décret n°1084-387).

Le premier satellite IS est lancé avec succès le 1er novembre 1963. Il se place initialement sur une orbite 339km x 592km puis, de façon automatique, met son moteur en service à plusieurs reprises pour rejoindre une orbite plus haute et changer son inclinaison (343km x 1437km x 58°55') [9]. Il s'agit d'un succès total, et l'engin est dévoilé au public sous le nom de Poliot-1 (« vol »).

Fig. 6.1 : Le satellite Poliot-1 lors de sa préparation.
Cette image a été publiée pour la première fois par V. POLIATCHENKO
dans le numéro 12/1992 de la revue Aviatsia i Kosmonavtika.
Crédit : NPO Machinostroïenia.

La nature militaire du satellite est dissimulée derrière des aspects scientifiques. Interviewé par la Pravda dix jours après le lancement, Mstislav KELDYCH, le président de l'Académie des Sciences, explique par exemple que les essais de Poliot-1 permettent d'envisager l'exploration de l'Espace, et qu'un tel satellite permettra de faire des mesures dans différentes zones du système solaire [11].

Nikita KHROUCHTCHEV indique de manière plus ou moins explicite que Poliot-1 s'inscrit dans le cadre du développement d'un vaisseau lunaire habité, et invite même les Etats-Unis à coopérer avec l'Union soviétique dans cet effort [12]. Il est pourtant parfaitement au courant de la vraie nature de son nouveau satellite : le jour du lancement, TCHELOMEÏ avait informé par courrier le Comité central que le prototype du chasseur de satellites avait été correctement mis sur orbite.

Fig. 6.2 : Le communiqué publié après le succès du lancement de Poliot-1.
Crédit : 100 лет Челомея.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les services de renseignement américains semblent être passés totalement à côté de l'événement, pourtant fondamental d'un point de vue stratégique. Dans son rapport quotidien au Président KENNEDY, l'Agence Centrale du Renseignement (CIA) ne mentionne le lancement de Poliot-1 que de façon anecdotique, et ne fait pas de lien avec une quelconque application militaire [13].

Début 1964, un nouvel IS est envoyé à Baïkonour. Ce deuxième exemplaire est équipé du moteur de l'OKB-300, qu'il va falloir tester en conditions réelles. Sergueï KOROLIOV, qui est à Baïkonour à ce moment là, rend visite à l'équipe de l'OKB-52 qui prépare le nouveau satellite, et y porte un grand intérêt [9]. Le 9 avril 1964, Leonid SMIRNOV demande au Comité central de valider les deux communiqués de presse rédigés pour le lancement : l'un en cas de succès, l'autre en cas d'échec.

Le deuxième IS, le premier équipé du moteur de l'OKB-300, est lancé avec succès le 12 avril 1964. Plusieurs manœuvres sont au programme pour modifier l'altitude et l'inclinaison de l'orbite de ce nouveau satellite, baptisé Poliot-2, mais toutes ne sont pas réalisées [9]. Vladimir TCHELOMEÏ rend compte le soir même des résultats de la mission au Comité central, auquel il ment ouvertement et indique que le programme a été entièrement rempli.

7. Les Américains bluffés

La CIA, de son côté, émet « de forts doutes » sur la capacité des satellites Poliot à réaliser des manœuvres significatives « nécessaires pour envisager des opérations de rendez-vous ou d'amarrage » [14]. Les Etats-Unis sont alors en plein développement de leur vaisseau Gemini pour expérimenter ce types de manœuvres en vue du programme lunaire Apollo, et les experts de la CIA semblent penser que les Soviétiques sont dans la même démarche.

Fig. 7.1 : John A. McCONE.
Directeur du Renseignement central des Etats-Unis de 1961 à 1965.
Crédit : DR.

Par ailleurs, dans un rapport sur les capacités de défense soviétique rédigé quelques mois après le vol de Poliot-2, l'agence de renseignement américaine indiquera que, selon elle, un système antisatellite serait forcément construit sur la base d'une arme nucléaire. Ainsi, elle n'envisage que l'ascension directe comme moyen de neutralisation d'un satellite ennemi.

Les preuves ne sont pour nous pas suffisantes pour estimer avec confiance si les Soviétiques sont en train de développer des systèmes d'arme pour la défense contre les véhicules spatiaux, mais nous pensons avec une quasi-certitude qu'ils étudient la faisabilité de produire de tels systèmes (...).

Si les nouveaux radars sont couplés avec des missiles existants pour former un système antisatellite, ce système devrait probablement employer une tête nucléaire pour réaliser une interception.

L'interception non-nucléaire d'un satellite requerrait un missile qui combinerait un système de guidage précis et une capacité de manœuvre exoatmosphérique. Nous pensons que les Soviétiques pourraient développer un tel système environ deux ans après le début des essais en vol. Nous n'avons pas de preuve que les Soviétiques conduisent de tels essais jusque là.

Soviet Air and Missile Defense Capabilities Through Mid-1970
16 décembre 1964
Traduction Nicolas PILLET.

Tout porte donc à croire que, à ce stade, les renseignements américains pensent que les satellites IS sont liés à un programme d'exploration lunaire habitée, et qu'ils ne font aucun lien avec la défense antisatellite.

8. Le temps des réformes

Les résultats encourageants des deux premiers satellites IS incitent les dirigeants soviétiques à aller plus loin. Dès le 25 mai 1964, le commandant en chef des Forces de Défense Anti-aérienne (PVO), le maréchal Vladimir SOUDIETS, rencontre Vladimir TCHELOMEÏ pour évoquer l'avenir du programme IS, et examiner un projet de décret visant à lancer les étapes suivantes [9].

Mais un événement politique majeur vient infléchir le cours du programme antisatellite quand, le 14 octobre 1964, Nikita KHROUCHTCHEV doit quitter son poste de Secrétaire général du Parti communiste. Il est remplacé par Leonid BREZHNEV qui, contrairement à son prédécesseur, n'a aucune affinité avec Vladimir TCHELOMEÏ. Le projet IS n'a pas de concurrent en Union soviétique, mais son lanceur l'UR-200, est sur la sellette face au R-36 (8K67) de l'OKB-586.

Fig. 8.1 : Nikita KHROUCHTCHEV et Leonid BREZHNEV, vus ici avec Youri GAGARINE.
Crédit : TASS.

TCHELOMEÏ, sentant le vent tourner, demande dès le 22 octobre 1964 à ses équipes techniques de préparer des argumentaires pour justifier l'existence de l'UR-200. Le 16 novembre 1964, lors d'une réunion entre l'OKB-52 et le KB-1, l'éventualité que l'IS pourrait être lancé par le R-36 en lieu et place de l'UR-200 est évoqué pour la première fois [9].

Piotr DEMENTIEV, le président du Comité National des Techniques Aéronautiques (GKAT) dont dépend l'OKB-52, organise une grande réunion le 11 décembre 1964. L'ensemble des participants sont d'accord sur un point : transférer l'IS de l'UR-200 vers le R-36 ferait probablement perdre jusqu'à deux années de développement [9].

Fig. 8.2 : Le missile R-36 lors d'un défilé sur la Place Rouge, le 7 novembre 1967.
Crédit : DR.

Cet argument n'est toutefois pas suffisant et, le 25 décembre 1964, l'UR-200 est formellement abandonné. Le projet IS bascule donc de facto sur le R-36 et, de plus, la maîtrise d'œuvre du programme est transférée de l'OKB-52 vers le KB-1 [9]. Deux mois seulement après le remplacement de KHROUCHTCHEV à la tête de l'Etat, TCHELOMEÏ perd donc l'un de ses principaux projets et, maintenant qu'il n'est plus que le fournisseur de la plate-forme de l'IS, est rétrogradé au rang de prestataire de RASPLETINE.

Il faudra près de trois années avant de voir de nouveau un satellite IS sur le pas de tir. Le troisième exemplaire est mis sur orbite avec succès le 27 octobre 1967 par le premier lanceur Tsiklone-2A (11K67).

Cette fois, le satellite n'est pas baptisé Poliot-3 mais, comme pour souligner qu'il n'est plus sous la responsabilité de TCHELOMEÏ, est simplement annoncé au public sous le sobriquet Cosmos 185 [9]. Les manœuvres de changement d'orbite sont un succès, et démontrent la maturité du système de propulsion. Ce vol clôt la première étape des essais du système antisatellite [16].

9. Les premiers essais d'interception

L'aptitude des IS à manœuvrer dans l'Espace ayant été démontrée, l'étape suivante consistera à tester la capacité à s'approcher d'un satellite-cible et à le neutraliser. Pour ces essais, les IS seront lancés par paire : le premier servant de cible au second.

Le premier lancement est réalisé le 24 avril 1968, mais le satellite Cosmos 217 reste accroché au second étage du lanceur, et il retombe dans l'atmosphère deux jours plus tard.

Fig. 9.1 : Maquette du satellite Poliot-1.
Musée Mémorial de la Cosmonautique. Crédit : Nicolas PILLET.

Une nouvelle tentative est réalisée six mois plus tard, le 19 octobre 1968. Le satellite-cible, baptisé Cosmos 248, réussit sa mise sur orbite, et il est rejoint le lendemain par l'intercepteur Cosmos 249. Celui-ci, toutefois, rate son approche car un défaut dans son système de contrôle empêche ses moteurs de s'arrêter.

Un nouvel intercepteur, Cosmos 252, est lancé moins de deux semaines plus tard. Il réussit son approche de Cosmos 248 et parvient à le détruire. C'est la première interception de satellite de l'Histoire.

10. Les essais du nouveau lanceur

Après les premiers essais de 1968 réalisés à l'aide du lanceur expérimental Tsiklone-2A (11K67), l'OKB-586 met en service une version modernisée Tsiklone-2 (11K69), spécifiquement pour les besoins des programmes de satellites IS et US. Un premier essai en vol est conduit dès le 6 août 1969 avec une maquette d'IS, et se solde par un succès malgré une catastrophe évitée lors du remplissage des réservoirs.

Fig. 10.1 : Un lanceur Tsiklone-2 sur son pas de tir de Baïkonour.
Crédit : DR.

Un second vol d'essai de Tsiklone-2 avec une maquette d'IS est mené à bien, encore avec succès, le 23 décembre 1969.

Un nouvel essai d'interception est réalisé moins d'un an plus tard, cette fois en configuration opérationnelle. Une cible, baptisée Cosmos 373, est lancée le 20 octobre 1970, rejointe au bout de trois jours par l'intercepteur d'un type nouveau, appelé 5V91T. Baptisé Cosmos 374 ce satellite s'approche de sa cible sans la détruire, ce qui sera le but d'un second intercepteur, Cosmos 375, lancé une semaine plus tard [17].

11. Une nouvelle cible

Après le succès des premiers essais d'interception, il apparaît que l'utilisation d'un satellite IS comme cible n'est pas nécessaire. L'OKB-586 de Dniepropetrovsk est missionné pour développer un petit satellite, moins coûteux qu'un IS, dont le rôle sera spécifiquement de servir de cible pour les futurs essais.

Le premier de ces satellites, baptisés DS-P1-M (11F631), ou Lira, devait être mis sur orbite le 22 décembre 1970 par un lanceur Cosmos-3M (11K65M), mais le lancement est un échec.

Fig. 11.1 : Un satellite Lira.
Centre éducatif Makarov. Crédit : Nicolas PILLET.

Un second exemplaire, Cosmos 394, est lancé dès le 9 février 1971, rattrapé quelques jours plus tard par un nouvel intercepteur, Cosmos 397. Celui-ci réussit son approche, mais ne parvient pas à neutraliser sa cible. Cosmos 404, en revanche, parvient à s'approche de la cible Cosmos 400 bien qu'il la laisse intentionnellement intacte. Ce satellite est en effet dépourvu de charge explosive, qui a été remplacé par des instruments de mesure.

Les analyses mettent en évidence un défaut de conception du système de séparation entre le satellite IS et le deuxième étage du lanceur Tsiklone-2. En effet, au moment du largage des harnais de câbles, ceux-ci heurtent le satellite, ce qui conduit le système offensif à être mal orienté. Ainsi, au moment du contact avec la cible, les fragments métalliques sont envoyés dans la mauvaise direction [6].

Cette erreur est ensuite corrigée et, le 3 décembre 1971, le satellite Cosmos 462 parvient à neutraliser la cible Cosmos 459. Suite à cette troisième interception réussie, le système est déclaré opérationnel en 1972 [6]. Pour une raison inconnue, une cible Lira est envoyée sur orbite le 29 septembre 1972 mais n'est suivie d'aucun satellite IS.

12. Les accords de désarmement de 1972

Le 26 mai 1972, lors du sommet de Moscou, le Président Richard NIXON et le Premier Secrétaire Leonid BREZHNEV ratifient le Traité ABM et l'accord SALT 1 (Strategic Arms Limitation Talks) sur la limitation des armes stratégiques.

Fig. 12.1 : Richard NIXON et Leonid BREZHNEV à Moscou, le 26 mai 1972.
Crédit : DR.

Le Traité ABM, comme son nom l'indique, porte principalement sur les missiles antimissiles (ABM), mais son article XII demande à chaque pays signataire de s'assurer que l'autres pays respecte le traité, et de ne pas faire obstacle à ses propres vérifications. Comme les satellites d'observation de la Terre sont les principaux moyens permettant de vérifier l'absence de prolifération d'ABM, l'utilisation de satellites antisatellites est de facto interdite.

Article XII

1. En vue d’assurer l’observation des dispositions du présent Traité, chaque Partie a recours aux moyens techniques nationaux de vérification dont elle dispose d’une manière compatible avec les principes généralement reconnus du droit international.

2. Chaque Partie s’engage à ne pas faire obstacle aux moyens techniques nationaux de vérification de l’autre Partie agissant conformément au paragraphe 1 du présent article.

Suite à ce Traité, l'Union soviétique ne réalise plus aucun essai des satellites IS pendant cinq ans.

13. La reprise des essais

Une nouvelle cible Lira est préparée au lancement le 19 décembre 1975, mais sa mise sur orbite est un échec suite à une défaillance du lanceur Cosmos-3M. Une nouvelle cible, Cosmos 803, est lancée quelques semaines plus tard.

L'intercepteur Cosmos 804 tente de la neutraliser, mais sans succès. Un nouvel intercepteur, Cosmos 814, réussira à s'en approcher quelques semaines plus tard mais, pour une raison inconnue, ne la neutralisera pas.

Un nouvel essai est tenté en juillet 1976, mais l'intercepteur Cosmos 843 ne parvient pas à réaliser ses manœuvres orbitales, et il ne peut donc pas rejoindre sa cible Cosmos 839.

En juin 1977, Cosmos 910 ne peut pas atteindre la cible Cosmos 909 suite à une défaillance de son lanceur Tsiklone-2, mais un nouvel intercepteur (Cosmos 918) est lancé moins de deux semaines plus tard et réussit l'interception. Encore une fois, il ne procède pas à la destruction de la cible.

Un nouvel essai - réussi - d'interception est réalisé le 26 octobre 1977, quand Cosmos 961 s'approche de Cosmos 959. Cette manœuvre clôture la série d'essai du système radar des IS.

14. Nouvelles technologies

Après la qualification du système IS en 1972, les Forces armées soviétiques lancent le développement d'un nouveau système de détection basé non pas sur un radar, mais sur un capteur infrarouge. Le but est d'étendre le domaine de vol des IS de 120-1200km à 100-3600km [18]. Les recherches sont confiées à l'institut NII-10 du Ministère des Constructions Maritimes (aujourd'hui GNPO Altaïr), où le projet est placé sous la direction de Dmitri KOVALEVSKI.

Fig. 14.1 : Dmitri Yakovlievitch KOVALEVSKI.
Crédit : МНИИР "Альтаир" - 75 лет.

La technologie infrarouge doit permettre de détecter une cible très froide (environ 300K) à une distance de 30 à 40km [6]. Cette version du satellite est baptisée IS-M (5V91AT), et le développement du nouveau capteur débute le 13 février 1973. Cette nouvelle version doit également permettre d'abattre un satellite ennemi dès la première orbite de l'intercepteur, de chasser plusieurs satellites successivement avec le même intercepteur, et de neutraliser un satellite manœuvrant [18].

Le NII-10 rencontre beaucoup de difficultés pour développer le nouveau système, mais un premier essai en vol est réalisé le 27 décembre 1976 quand Cosmos 886, le premier IS-M, parvient à rejoindre Cosmos 880.

Les essais suivants, menés avec Cosmos 970 le 21 décembre 1977, Cosmos 1009 le 19 mai 1978, Cosmos 1174 le 18 avril 1980 et Cosmos 1243 le 2 février 1981, sont tous des échecs. Par conséquent, la technologie infrarouge est abandonnée [6].

Une version IS-MU (14F10) plus performante, dotée d'un radar et destinée spécifiquement à l'interception de satellites manœuvrants, est mise à l'étude au TsNII Kometa dès le 14 novembre 1978, sous la direction de Leonard LEGUEZO [18].

15. Conclusion

Deux nouveaux essais sont conduits avec succès en 1981 et 1982, respectivement avec les intercepteurs Cosmos 1258 et Cosmos 1379, qui sont équipés du bon vieux radar plutôt que du capteur infrarouge. Le dernier essai s'inscrivait dans le cadre d'un exercice militaire de très grande ampleur, baptisé Chtchit-2, qui sera surnommé en Occident la « guerre nucléaire de sept heures ».

Quelques mois plus tard, le 23 mars 1983, le Président américain Ronald REAGAN prononce un discours historique au cours duquel il annonce un tournant majeur dans la politique de Défense des Etats-Unis. Ce discours sonne le glas du concept de Destruction Mutuelle Assurée, et ouvre la voie à l'Initiative de Défense Stratégique (IDS), surnommé « Guerre des Etoiles ».

Fig. 15.1 : Le Président Ronald REAGAN lors de son discours du 23 mars 1983.
Crédit : DR.

Le Premier Secrétaire du Parti communiste d'Union soviétique, Youri ANDROPOV, ne souhaite pas se lancer dans une nouvelle course au armements, surtout dans un domaine aussi coûteux que les armes à énergie dirigée qu'utilise l'IDS. Désireux de faire passer un message de désarmement, il met officiellement fin au programme IS le 18 août 1983.

ANDROPOV décède le 9 février 1984, et les militaires s'empressent de reprendre les travaux sur l'IS-MU. Seize satellites étaient restés stockés à Baïkonour, et l'ordre est donner de les préparer pour de nouveaux essais [18].

Le 13 septembre 1985, l'US Air Force teste la première arme antisatellite conventionnelle de l'Histoire des Etats-Unis. Le missile ASM-135, lancé par un avion F-15A, abat avec succès le satellite Solwind P78-1. Quelques semaines plus tard, le Congrès américain prononce l'interdiction de conduire de nouveaux essais de ce type.

Fig. 15.2 : Lancement du missile ASM-135, le 13 septembre 1985.
Crédit : US Air Force.

Cette interdiction est toutefois levée dès 1988, et les Soviétiques décident de relancer le programme IS. En avril 1991, bien qu'aucun essai en vol n'ait été réalisé, l'IS-MU est déclaré opérationnel [18].

Le TsNII Kometa lance en 1999 le développement d'une version génération IS-MD (14F11), ou Nariad, capable d'atteindre un satellite évoluant sur orbite géostationnaire [18]. Ce nouveau volet de l'Histoire des satellites antisatellites sera traité dans un article séparé.

Notes et bibliographie

[1] LEITENBERG, M., Studies of Military R&D and Weapons Development, 1984
[2] CHUN, C., Shooting Down a "Star", 2000
[3] L'enregistrement de cette conférence de presse est disponible sur YouTube, consulté le 21.02.2017
[4] GORELIKOV, A., et al., Радиолокаторы ЦНИИ "Комета", in KHOKHLOV, S., История отечественной радиолокации, Moscou, 2015, pp. 459-477
[5] AFANASSIEV, I., et al., Космические крылья, Moscou, 2009, pp. 201-204
[6] VLASKO-VLASSOV, K., От "Кометы" до "Око", Moscou, 2002
[7] KISSOUNKO, G., Секретная зона, 1996
[8] RAOUCHENBAKH, B., Королев и его дело, pp. 680-681
[9] POLIATCHENKO, V., На море и в космосе, Saint-Pétersbourg, 2008
[10] LEONOV, A., et al., 60 лет самоотверженного труда во имя мира, Moscou, 2004, p. 209
[11] RMP, В.Н. Челомей, Moscou, 2014
[12] ALIBRANDO, A., Khrushchev Puts Russia Back Into Manned Lunar Landing Race, AW&ST, 11.11.1963
[13] The President's Intelligence Checklist des 01.11.1963, 02.11.1963 et 06.11.1963, disponibles sur le site de la CIA
[14] The President's Intelligence Checklist du 13.04.1964
[15] SOUDIETS est accompagné lors de cette réunion de Gueorgui ZIMINE (premier adjoint des PVO), Nikolaï GREBENNIKOV (adjoint des PVO), Konstantin TROUSSOV (commandant adjoint de la 4ème Direction Principale du Ministère de la Défense), Gueorgui BAÏDOUKOV (commandant de la 4ème Direction Principale du Ministère de la Défense), MYMRINE (4ème Direction Principale du Ministère de la Défense), ainsi que de KIÏASSOV de la VPK
[16] TARASSENKO, M., 30 лет со дня первого спутникового перехвата, NK n°23/24-1998
[17] Soviets Test Killer Spacecraft, Aviation Week & Space Technology, 30.10.1978
[18] PERVOV, M., Системы ракетно-космической обороны создавались так, Moscou, 2004, pp. 407-409


Dernière mise à jour : 23 décembre 2017