Proton-K | 3 avril 1973

Le 34ème lanceur Proton-K (8K82K n°283-01) a décollé du pas de tir n°23 de la zone n°81 (8P882K) du cosmodrome de Baïkonour le 3 avril 1973 à 09h00'00" GMT.

La charge utile était constituée de la station orbitale Saliout-2 (11F71 n°0101-1), qui a été placée avec succès sur une orbite basse (215km x 260km x 51,6°) à H0+584,4".

La campagne de lancement

La station OPS n°101-1 est livrée à Baïkonour au mois de janvier 1973. La préparation se déroule dans le MIK-1 et dure trois mois. A la fin du mois de mars, le lanceur et sa charge utile sont emmenés en zone 81 et sont installés sur le pas de tir n°23. Tout se déroule normalement pour un lancement prévu le 3 avril.

Ensuite, TsKBM voudrait que le premier vaisseau Soyouz décolle dès le 13 avril pour mener à bien la première mission d'occupation. Mais le TsKBEM, qui produit et gère les Soyouz, ne peut assurer un lancement aussi précoce. Comme le lanceur Proton-K est déjà chargé en ergols, le TsKBM décide de ne pas reporter le tir de la station.

La mission

Après le succès de son lancement, Saliout-2 réalise deux corrections d'orbite, les 4 et 8 avril 1973. Après cela, elle évolue sur une orbite 261km x 296km x 51,6°.

Le 14 avril 1973, lors de l'orbite n°177 (soit à environ 09h30 GMT), la station sort de la zone de visibilité des stations de poursuite soviétiques. Quand elle y revient, la télémesure montre qu'entre les orbites 177 et 193 (15 avril), ses paramètres orbitaux ont été modifiés.

Il semble donc qu'une force extérieure a agi sur elle, et suite à cet incident vingt-quatre objets s'échappant de la station sont repérés par des radars au sol. De plus, les capteurs indiquent une baisse de pression à l'intérieur de la station.

Une commission d'enquête, dirigée par le colonel-général M.G. GRIGORIEV, conclut qu'une anomalie est probablement survenue dans le système de propulsion. La télémétrie montrera qu'une fuite est apparue dans le réservoir d'azote qui permet de garder les ergols des moteurs sous pression.

L'enquête

Certains pensent qu'il aurait pu y avoir collision avec l'adaptateur qui reliait Saliout-2 au troisième étage du lanceur Proton-K lors du lancement. Il a effectivement été lui aussi mis en orbite, et il a été largué à H0+774,5" avec une vitesse relative de 3,64m/s, ce qui rend quasiment impossible une collision avec la station.

En revanche, beaucoup suspectent le troisième étage lui-même. Après sa séparation de Saliout-2, entre le 3 et le 4 avril, ses moteurs ont été allumés pour réduire son altitude de 110km, justement afin de prévenir tout risque de collision. L'étage a ensuite été détruit en rentrant dans l'atmosphère dès le 6 avril 1973, moins de trois jours après le lancement.

Mais avant sa destruction, l'étage contenait encore 290kg d'ergols, et comme il n'envoyait aucune télémétrie vers la Terre, il est impossible de confirmer qu'une explosion n'a pas eu lieu. Des études balistiques ont montré que les objets repérés en orbite avec Saliout-2 pourraient tout à fait provenir du troisième étage.

Ainsi, la cause retenue de l'accident de Saliout-2 est une explosion du troisième étage entre le 3 et le 4 avril, quand son orbite était encore proche de celle de la station. Cette explosion aurait généré un nuage de débris que Saliout-2 a traversé le 15 avril, perçant alors son réservoir d'azote.

Les opérations avec Saliout-2 sont abandonnées le 29 avril 1973, et la station rentre dans l'atmosphère le 28 mai 1973. Certains fragments tombent dans l'océan Pacifique 3000km à l'est de la Nouvelle-Guinée.

Bibliographie

[1] РКК Энергия, на рубеже двух веков, 1996-2001
[2] Мировая пилотируемая космонавтика


Dernière mise à jour : 22 février 2010